Dans certaines situations d’improvisation, vous pouvez vous sentir complètement bloqué au coeur de la scène. Je ne parle pas du fait de se sentir bloqué parce que vous n’arrivez pas à trouver une nouvelle idée. En principe, si vous suivez un tant soit peu la technique que je décrit dans ce blog, l’idée basique selon laquelle je vous recommande de ne pas improviser en “essayant de trouver des idées” vous est familière. Je vous recommande plutôt d’avancer dans la scène en ressentant la manière dont l’énergie se transforme avec le temps. Vous utilisez votre corps, votre voix, et/ou vos mots comme outils pour ressentir comment l’énergie de la scène se développe dans le temps. Puisque vous travaillez en ressentant ce qui est déjà là dans l’espace et dans votre propre corps, vous n’avez jamais besoin d’inventer une action ou d’avoir une idée. Mais si vous travaillez déjà comme je le recommande, en ressentant l’énergie de la scène, et que vous vous retrouvez embourbé dans une énergie qui s’apparente au fait de frapper dans un mur encore et encore, et que vous n’arrivez pas à vous en sortir? La scène semble devenir un obstacle insurmontable.
Cela arrivera typiquement dans des moments de la scène ou l’énergie émotionnelle consiste elle même en un sentiment bloqué, par exemple lorsque votre personnage panique à propos d’une situation dangereuse et ne sait pas quoi faire, ou que votre personnage est bloqué dans des sentiments de rage ou de désespoir. Cela peut aussi arriver quand votre personnage (ou le flux de la scène) atteint un stade d’énergie extrêmement bas et las, il semble alors que la scène ne progressera jamais plus. Comment pouvez vous débloquer une situation dont l’énergie elle même stagne?
Quand je dit que vous jouez la scène en ressentant son énergie il est important de se souvenir que cette énergie est toujours en mouvement. Comme si elle s’écoulait d’une certaine manière, soit elle s’écoule doucement et tranquillement, ou avec un flux saccadé et irrégulier, soit vitesse grand V, dans un tempo modéré, ou avec une lenteur glaciale. L’énergie n’atteint jamais un arrêt complet. Et, en effet, quand vous “ressentez l’énergie de la scène”, l’une des principales choses que vous ressentez de cette énergie c’est la manière dont elle s’écoule.
La prochaine fois que vous sentirez que votre énergie est bloquée, rappelez vous que vous devez ressentir la manière donc l’énergie change. Si votre personnage semble bloqué dans un état de rage ou de frustration, continuez de vous concentrer sur la manière dont cette rage ou frustration se transforme peu à peu (ou peut être soudainement), puis surgit et devient le prochain et plus profond développement de la scène. Vous dire “ressens l’énergie s’écouler” devrais être une indication suffisante. Quand la scène semble bloquée dans une extrême lenteur et immobilité, souvenez vous que bien que l’énergie puisse s’écouler dans une lenteur excitante et palpitant, elle ne s’arrêtera jamais complètement. Si vous restez concentré sur la lenteur incroyable du mouvement, vous capturerez l’exact moment dans lequel l’énergie resurgira, et le public sera ravi de ressentir que tout s’est presque arrêté mais s’est ressaisi pour accélérer de nouveau. (Vous pouvez entendre Beethoven utiliser ce “tour” dynamique encore et encore dans ses sonates pour piano.)
Vous pouvez incorporer cette idée à votre préparation de la scène. Au lieu se dire “Je vais ressentir l’énergie de la scène” lors de la préparation, assurez vous de vous dire plutôt “Je vais ressentir le flux de l’énergie de la scène.”
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